La première relation d'amour que nous avons dans notre vie est avec nos parents.
Ainsi s'inscrit en nous le scénario que nous allons rejouer avec nos futur(e)s aimé(e)s.
Nos parents n'ont pas toujours été de bons transmetteurs d'amour. Inconsciemment, nous sommes attirés par des partenaires qui ont des similitudes avec ce schéma initial car ce qui n’est pas identifié va se rejouer.
Et ce qui est complexe et paradoxal, c’est que
nous allons autant chercher à réinterpréter un passé, aussi
insatisfaisant ou douloureux soit-il, qu’essayer de nous en affranchir.
D’où la nécessité de nous pencher sur la façon dont nous avons été
regardés, aimés, bousculés ou sécurisés afin de repérer ce qui se répète
dans notre présent affectif.
Bowlby nous donne un éclairage sur la façon dont nous entrons en relation avec sa théorie de l'attachement.
En fonction des différentes façons d’être en lien avec sa mère, le bébé devenu adulte adoptera de près ou de loin, le même style d’attachement dans sa futur relation amoureuse.
Bowlby distingue l'attachement Sécure et l'attachement Insécure :
- Attachement Sécure : émotions adaptées
- Attachement Insécure :
- évitant / fuyant : émotions sous-exprimées
- anxieux / ambivalent : émotions sur-exprimées
- désorganisé : émotions contradictoires et inadaptées
L'Attachement Sécure
Les personnes au style d’attachement sécure sont plutôt à l’aise dans leurs relations intimes et affectives. Elles n’éprouvent pas de craintes irraisonnées vis-à-vis d’autrui et font plutôt facilement confiance. L’engagement n’est pas un problème pour elles et l’absence de l’autre pour X et Y raisons est vécu de manière plutôt sereine. D’ailleurs, elles font facilement la différence entre les moments d’intimité partagée et les moments d’intimité personnelle, qu’elles respectent, pour elles comme pour leur partenaire.
En général, les personnes au style d’attachement sécure ont une bonne estime d’elle-même, se sentent dignes d’être aimées et conscientes de leur et leurs valeur(s). Elles sont également conscientes de la satisfaction ou de l’insatisfaction de leurs besoins et savent comment les exprimer.
Elles s’épanouissent aussi bien dans le célibat que dans les relations amoureuses.
En résumé, pour les personnes au style d’attachement sécure, l’amour n’est pas un problème. Elles s’aiment autant qu’on les aime.
L'Attachement Insécure Evitant / Fuyant
Les personnes ayant une tendance au style d’attachement évitant connaissent généralement des difficultés avec tout ce qui est de l’ordre de l’intimité psychologique. Leur engagement dans les relations reste la plupart du temps en surface avec, en toile de fond, une volonté farouche de se prémunir des émotions négatives. Pour autant, elles ne sont pas non plus très à l’aise avec les émotions positives. Du coup, l’une de leur croyance fondamentale ressemblerait à “on n’est jamais mieux servi que par soi-même”.
En amour, les évitants érigent en dogme leur indépendance, liberté ou autonomie. Ainsi, tout ce qui prend la forme d’un engagement, de près ou de loin, les effraye et peut les faire réagir de manière inappropriée (rupture soudaine de la relation dès que le partenaire évoque des projets ou des situations un peu plus impliquantes). En cas de rupture, ils semblent moins souffrir. En effet, le détachement émotionnel dont ils font preuve leur permet de se préserver à minima de la douleur de la rupture.
Cependant, ce qui n'est pas exprimé émotionnellement s'exprimera autrement (qui n'exprime imprime) De fait, les évitants ont plus tendance que les autres à “somatiser”. Leur corps s’exprime quand leur cœur ne le peut pas. Une solution confortable peut être la colocation, ce qui leur permet de tromper la solitude.
En résumé, pour les personnes au style d’attachement évitant, l’amour devient un problème quand la relation devient “sérieuse”.
L'Attachement Anxieux / Ambivalent
Les personnes au style d’attachement anxieux ont un besoin exacerbé de soins et d’attentions de la part de leurs partenaires. Elles éprouvent une inquiétude disproportionnée vis-à-vis de leur relation dont elles sont souvent dépendantes et ont un grand besoin d’être rassurées. Leur principale inquiétude concerne le rejet ou l’abandon. Du coup, lorsqu’elles perçoivent un éloignement du partenaire (même sans le moindre début d’idée de séparation) elles sont submergées par un flot d’émotions négatives qu’elles ne parviennent pas toujours à contrôler. S’ensuit alors des comportements inadaptés comme une tendance à l’agressivité (reproches, jalousie, sarcasmes) ou à l’étouffement (possessivité, harcèlement, demandes répétées, appels en tout lieu et à toute heure).
S’ensuit alors l’un des grands classiques des relations humaines : Générer soi-même précisément l’objet de notre crainte. Dans le cas présent, la personne au style d’attachement anxieux (dont je rappelle que la crainte principale est le rejet et l’abandon) fera fuir son partenaire qui se sentira sous pression et étouffé par tant de sollicitations.
En résumé, pour les personnes au style d’attachement anxieux, l’amour devient un problème quand il semble leur échapper.
L'Attachement Désorganisé
Les personnes au style d’attachement désorganisé sont un peu un mix des deux premiers. Non seulement elles sont mal à l’aise dans l’intimité, mais paradoxalement elles ont un grand besoin de contact. Généralement elles se trouvent insatisfaites dans leur relation car le manque d’estime d’elles-mêmes ne pourra jamais être comblé par leur partenaire.
Elles adoptent plutôt un comportement ambivalent du genre “Je t’aime, moi non plus” ou “Fuis-moi je te suis, suis-moi je te fuis”. Bref, leurs relations sont aussi stables que peut l’être une caisse de nitroglycérine dans un manège à sensation à Disneyland…
En résumé, pour les personnes au style d’attachement désorganisé, l’amour est un problème.
Les combinaisons
Vous aurez compris, le trouble de l'attachement se répète dans les relations affectives, en particulier le couple.
En fonction des styles d’attachements des uns et des autres, les relations amoureuses peuvent se révéler plus ou moins harmonieuses ou chaotiques, évolutives ou involutives.
Pour faire évoluer un style peu favorable à la stabilité relationnelle dans le couple, il est de bon ton d’entamer un peu de ménage dans le placard à fantômes et déloger ceux qui tirent les ficelles de l’attachement.
La combinaison Sécure / Sécure
C'est le mode idéal où dans le meilleur des monde nous devrions tous vivre. Les choses se font dans la souplesse et dans une certaine forme d’harmonie. Chacun est acteur de la relation dans un équilibre en respectant autant les moments d’intimité partagés qu’individuels. Il est plus facile de trouver la paix dans ce contexte relationnel. Le couple n'aura pas à passer d'énergie dans
Toute l'energie que le couple n'aura pas à mettre dans la guérison des partenaires est investi dans la profondeur de la relation.
La combinaison Insécure Evitant/ Insécure Evitant
Chacun des partenaires satisfait son besoin d’indépendance de la même manière. Aucun engagement n’est pris pendant des années, peu d'intimité, pas de projet, de construction commune, les partenaires sont dans une forme de relation distante où le vécu “au jour le jour” est l’objectif premier. Chacun profite de la distance de l'autre pour ne pas avoir à se confronter.
C'est une relation co-location (la co-location étant aussi un moyen une stratégie pour l'évitant de ne pas être seul tout en restant seul ;-)
Le danger de cette combinaison c'est l'involution. Chacun reste dans sa bulle et se réveille un jour avec l'impression de passer à côté de sa vie, ou avec une mal-à-die pour le dire. C'est aussi de ne pas être en amour
La combinaison Insécure Anxieux / Insécure Anxieux
Equilibre par déséquilibre
Les deux partenaires seront très présents l’un pour l’autre et feront preuve de démonstration affective à foison. Il peut s’agir des couples dits fusionnels où l’idée de vivre l’un sans l’autre leur est simplement inconcevable et qui brûlent certaines étapes nécessaires à la construction du couple, avant de prendre des engagements significatifs (bien qu'il n’y ait aucune règle en la matière)
Le danger de cette combinaison est la fusion (involution): "à nous deux nous ne faisons plus qu'un" oui mais lequel ? qui a disparu dans l'autre ?
Si l'autre ne me donne pas un exemple différent de mon mode de fonctionnement, je risque de ne pas évoluer ou évoluer mais pas mon partenaire et la relation ne sera plus équilibrante. Si l'un des deux évolue et corrige son déséquilibre émotionnel, la béquille relationnelle ne sera plus adapté, l'équilibre basé sur la blessure ne tiens plus.
La combinaison Sécure / Insécure Evitant
Le truc peut fonctionner du moment que le sécure est OK avec le besoin d’indépendance du Fuyant. Si ce dernier se sent suffisamment libre dans la relation, sans pression ni sensation d’étouffement, il pourra s’épanouir dans son couple. Il sera alors plus ouvert et réceptif lorsque des sujets liés à l’engagement arriveront sur le tapis. Pour autant, le Fuyant n’est pas exempt d’un travail sur lui-même afin de développer la confiance qu’il peut avoir en l’autre et laisser un peu plus de place aux émotions.
En revanche, vivre avec un handicapé des sentiments peu amener des frustrations .
La combinaison Sécure / Insécure Anxieux
La encore, la relation peut fonctionner du moment que le sécure témoigne facilement et régulièrement ses sentiments au Préoccupé et le rassure dans la relation. Bien entendu, dans les limites de ses propres besoins.
En effet, rien d’extérieur ne pourra suffisamment combler un anxieux dont le manque se situe à l’intérieur de lui-même. Il devra donc effectuer un apprentissage personnel pour s’apaiser dans la relation.
La combinaison Insécure Evitant / Insécure Anxieux
C'est surement la combinaison la moins confortable car les schémas sont opposés. Imaginez un anxieux avec un besoin de reconnaissance exacerbé donner et/ou demander à son partenaire plutôt mal à l’aise avec l’engagement et les émotions des signes de démonstration affective ou lui faire des promesses d’amour et de projets à moyen et long terme… Sans travail sur soi et volonté d'évoluer ça risque d'être compliqué.
Et en même temps, cette confrontation des extrêmes peut être un moyen pour chacun de faire un pas l'un vers l'autre et par ce rapprochement, s'équilibrer individuellement.
Vu la plasticité du cerveau tout est possible, même ce qui nous semble impossible, surtout si l'amour est au rdv.
Rappelez-vous que tout ce que l'on fuit nous suit. Que ce qui n'est pas conscient (donc ce sur quoi nous n'avons pas de prise) dirige aussi nos choix.
A nous de nous connaitre et de nous respecter. Nous n'avons pas les mêmes rythmes et les mêmes capacités. Certains profiterons de l'équilibre du partenaire pour se sécuriser, d'autre s’équilibreront dans le travail thérapeutique qu'amène la relation. D'autres s'équilibreront avec leurs déséquilibres respectifs jusqu'au jour où l'un des deux se remettra dans le courant de l'évolution, alors la relation béquille ne sera plus possible.
Rappelons que notre psyché se sculpte, se modèle en fonction des événements que nous avons vécu. Ainsi une personne à l'attachement insécure peur devenir sécure tout comme une pers à l'attachement sécure peut devenir insécure suite à des relations traumatisantes...
Notre cerveau fait d'un fait cas isolé une généralité, ce que les Grecs résument en disant "qui se brûle en buvant sa soupe, souffle sur son yaourt"
La vie étant évolution, vient un moment où il n'est plus juste de rester sur des chemins conforts (con fort)
J'aime voir l'incarnation comme une école, ou chaque apprentissage se fait dans l'expérience, où la prise de conscience qui mène un changement d'attitude est l'examen qui permet de passer à la "classe" suivante.
Rien ne nous est présenté qui ne soit au dessus de nos forces, quitte à ce que notre force soit de dire : "non je ne me sent pas prêt pour vivre cette expérience maintenant" ce à quoi l'univers bienveillant dans lequel nous sommes répond: "ok, je te représenterai cette opportunité de grandir plus tard, cela te laisse le temps pour te préparer... "
Si nous restons dans notre confort (financier, nucléaire, polluant, matériel, affectif) alors il nous faut accepter que les autres en fassent autant. Car si la société et les êtres sont si déshumanisés, si coupés de leur/la nature, c'est qu'ils se sont enlisés dans du confort, qu'ils résistent à l'évolution, au changement auquel pourtant chacun aspire au fond de lui. Celui d'un monde meilleur, plus humain, plus aimant.
Soyons le changement que nous voulons voir dans le monde et commençons par balayer devant notre porte, et dans nos vieux placards...
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